Le journaliste entra. C’était le sixième depuis une heure et le grand comédien dut faire un effort pour sourire. Le journaliste s’en aperçut et dit : « Naturellement, vous devez être très pris. »
- Oui, dit le grand comédien. Ah ! oui… je n’ai même pas eu le temps de voir Paris !
Par les hautes fênetres on apercevait des palais, le dôme des Invalides.
Le journaliste fit un geste large et dit : « Mais le voilà, Paris !.. »
- Ce n’est pas de ce Paris que je veux parler, dit le comédien.
Remarquez, je l’aime bien aussi. C’est très beau … Mais je voudrais voir le Paris des gens, le Paris que vous habitez, vous, par exemple … Il y a presque trois millions d’habitants ici, n’est-ce pas ?
- 3 millions 20 000, dit le journaliste.
- Eh bien ! Depuis deux jours je n’ai vu que des employés d’hôtel, des vedettes, et, excusez-moi, des journalistes et des photographes, des photographes et des journalistes. Pas de visages humains. Vous comprenez ce que je veux dire ? Je veux dire des visages de gens qui passeraient près de moi sans y faire attention, sans s’occuper de moi. Mais de nos jours, malheureusement, l’histoire du khalife Haroun al Rashid qui se déguisait le soir et s’en allait, inconnu, par la ville de Bagdad. Cette histoire – là n’est plus possible.
- Qui sait ? dit le journaliste … Qui sait ? … Vous pourriez, par exemple …
A cet instant il fut interrompu par un coup de téléphone.
- Je ne suis pas venu à Paris pour passer tout mon temps avec des gens du métier, reprit le comédien. Je veux voir Paris, je veux voir les visages des gens de Paris.
- Eh bien, justement, dit le journaliste …
Mais il fut encore interrompu par la venue d’un nouveau personnage.
Ensuite un correspondant américain pénétra pour prendre une interview au comédien.